domenica 2 giugno 2013

La Guerra in versi

Generale, il tuo carro armato...



Generale, il tuo carro armato
è una macchina potente

Spiana un bosco e sfracella cento uomini.
Ma ha un difetto:
ha bisogno di un carrista.

Generale, il tuo bombardiere è potente.
Vola più rapido d’una tempesta e porta più di un elefante.
Ma ha un difetto:
ha bisogno di un meccanico.

Generale, l’uomo fa di tutto.
Può volare e può uccidere.
Ma ha un difetto:
può pensare.

Bertolt Brecht






Uomo del mio tempo



Sei ancora quello della pietra e della fionda,
uomo del mio tempo. Eri nella carlinga,
con le ali maligne, le meridiane di morte,
-t'ho visto- dentro il carro di fuoco, alle forche,
alle ruote di tortura. T'ho visto: eri tu,
con la tua scienza esatta persuasa allo sterminio,
senza amore, senza Cristo. Hai ucciso ancora,
come sempre, come uccisero i padri, come uccisero,
gli animali che ti videro per la prima volta.
E questo sangue odora come nel giorno
quando il fratello disse all'altro fratello:
"Andiamo ai campi". E quell'eco fredda, tenace,
è giunta fino a te, dentro la tua giornata.
Dimenticate, o figli, le nuvole di sangue
salite dalla terra, dimenticate i padri:
le loro tombe affondano nella cenere,
gli uccelli neri, il vento, coprono il loro cuore.

Salvatore Quasimodo (1901 - 1968)




La Bataille de Waterloo



Ils ne sont plus, laissez en paix leur cendre;
Par d’injustes clameurs ces braves outragés
À se justifier n’ont pas voulu descendre;
Mais un seul jour les a vengés :
Ils sont tous morts pour vous défendre.
Malheur à vous si vos yeux inhumains
N’ont point de pleurs pour la patrie!
Sans force contre vos chagrins,
Contre le mal commun votre âme est aguerrie;
Tremblez, la mort peut-être étend sur vous ses mains!
Que dis-je? Quel français n’a répandu des larmes
Sur nos défenseurs expirans?
Prêt à revoir les rois qu’il regretta vingt ans,
Quel vieillard n’a rougi du malheur de nos armes?
En pleurant ces guerriers par le destin trahis,
Quel vieillard n’a senti s’éveiller dans son ame
Quelque reste assoupi de cette antique flamme
Qui l’embrasait pour son pays?
Que de leçons, grand dieu! Que d’horribles images
L’histoire d’un seul jour présente aux yeux des rois!
Clio, sans que la plume échappe de ses doigts,
Pourra-t-elle en tracer les pages?
Cachez-moi ces soldats sous le nombre accablés,
Domptés par la fatigue, écrasés par la foudre,
Ces membres palpitans dispersés sur la poudre,
Ces cadavres amoncelés!
Eloignez de mes yeux ce monument funeste
De la fureur des nations;
Ô mort! Epargne ce qui reste!
Varus, rends-nous nos légions!
Les coursiers frappés d’épouvante,
Les chefs et les soldats épars,
Nos aigles et nos étendards
Souillés d’une fange sanglante,
Insultés par les léopards,
Les blessés mourant sur les chars,
Tout se presse sans ordre, et la foule incertaine,
Qui se tourmente en vains efforts,
S’agite, se heurte, se traîne,
Et laisse après soi dans la plaine
Du sang, des débris et des morts.
Parmi des tourbillons de flamme et de fumée,
Ô douleur, quel spectacle à mes yeux vient s’offrir?
Le bataillon sacré, seul devant une armée,
S’arrête pour mourir.
C’est en vain que, surpris d’une vertu si rare,
Les vainqueurs dans leurs mains retiennent le trépas.
Fier de le conquérir, il court, il s’en empare;
La garde, avait-il dit, meurt et ne se rend pas.
On dit qu’en les voyant couchés sur la poussière,
D’un respect douloureux frappé par tant d’exploits,
L’ennemi, l’oeil fixé sur leur face guerrière,
Les regarda sans peur pour la première fois.
Les voilà ces héros si long-temps invincibles!
Ils menacent encor les vainqueurs étonnés!
Glacés par le trépas, que leurs yeux sont terribles!
Que de hauts faits écrits sur leurs fronts sillonnés!
Ils ont bravé les feux du soleil d’Italie,
De la castille ils ont franchi les monts;
Et le nord les a vus marcher sur les glaçons
Dont l’éternel rempart protége la Russie.
Ils avaient tout dompté… Le destin des combats
Leur devait, après tant de gloire,
Ce qu’aux français naguère il ne refusait pas;
Le bonheur de mourir dans un jour de victoire.
Ah! Ne les pleurons pas! Sur leurs fronts triomphans
La palme de l’honneur n’a pas été flétrie;
Pleurons sur nous, français, pleurons sur la patrie;
L’orgueil et l’intérêt divisent ses enfans.
Quel siècle en trahisons fut jamais plus fertile?
L’amour du bien commun de tous les coeurs s’exile;
La timide amitié n’a plus d’épanchemens;
On s’évite, on se craint; la foi n’a plus d’asile,
Et s’enfuit d’épouvante au bruit de nos sermens.
O vertige fatal! Déplorables querelles
Qui livrent nos foyers au fer de l’étranger!
Le glaive étincelant dans nos mains infidèles,
Ensanglante le sein qu’il devrait protéger.
L’ennemi cependant renverse les murailles
De nos forts et de nos cités;
La foudre tonne encore, au mépris des traités.
L’incendie et les funérailles
Épouvantent encor nos hameaux dévastés;
D’avides proconsuls dévorent nos provinces;
Et, sous l’écharpe blanche, ou sous les trois couleurs,
Les français, disputant pour le choix de leurs princes,
Détrônent des drapeaux et proscrivent des fleurs.
Des soldats de la Germanie
J’ai vu les coursiers vagabonds
Dans nos jardins pompeux errer sur les gazons,
Parmi ces demi-dieux qu’enfanta le génie.
J’ai vu des bataillons, des tentes et des chars,
Et l’appareil d’un camp dans le temple des arts.
Faut-il, muets témoins, dévorer tant d’outrages?
Faut-il que le français, l’olivier dans la main,
Reste insensible et froid comme ces dieux d’airain
Dont ils insultent les images?
Nous devons tous nos maux à ces divisions
Que nourrit notre intolérance.
Il est temps d’immoler au bonheur de la France
Cet orgueil ombrageux de nos opinions.
Etouffons le flambeau des guerres intestines.
Soldats, le ciel prononce, il relève les lis;
Adoptez les couleurs du héros de Bovines,
En donnant une larme aux drapeaux d’Austerlitz.
France, réveille-toi! Qu’un courroux unanime
Enfante des guerriers autour du souverain!
Divisés, désarmés, le vainqueur nous opprime;
Présentons-lui la paix, les armes à la main.
Et vous, peuples si fiers du trépas de nos braves,
Vous, les témoins de notre deuil,
Ne croyez pas, dans votre orgueil,
Que, pour être vaincus, les français soient esclaves.
Gardez-vous d’irriter nos vengeurs à venir;
Peut-être que le ciel, lassé de nous punir,
Seconderait notre courage;
Et qu’un autre Germanicus
Irait demander compte aux Germains d’un autre âge
De la défaite de Varus.

Casimir Delavigne (1793-1843), Les Messéniennes, Livre I (1835)







La nuit d'avril 1915




À L. de C.-C.


Le ciel est étoilé par les obus des Boches
La forêt merveilleuse où je vis donne un bal
La mitrailleuse joue un air à triples-croches
Mais avez-vous le mot
Eh ! oui le mot fatal
Aux créneaux Aux créneaux Laissez là les pioches


Comme un astre éperdu qui cherche ses saisons
Cœur obus éclaté tu sifflais ta romance
Et tes mille soleils ont vidé les caissons
Que les dieux de mes yeux remplissent en silence
Nous vous aimons ô vie et nous vous agaçons


Les obus miaulaient un amour à mourir
Un amour qui se meurt est plus doux que les autres
Ton souffle nage au fleuve où le sang va tarir
Les obus miaulaient
Entends chanter les nôtres
Pourpre amour salué par ceux qui vont périr


Le printemps tout mouillé la veilleuse l'attaque
Il pleut mon âme il pleut mais il pleut des yeux morts
Ulysse que de jours pour rentrer dans Ithaque
Couche-toi sur la paille et songe un beau remords
Qui pur effet de l'art soit aphrodisiaque

Mais
orgues
aux fétus de la paille où tu dors
L'hymne de l'avenir est paradisiaque

Guillaume Apollinaire, Calligrammes, poèmes de la paix et de la guerre 1913-1916


 


Nessun commento:

Posta un commento